samedi 16 juin 2012

nos amies les bêtes


Chimpanzés : à chaque clan sa culture


Publiant leurs travaux dans la revue Current Biology, des primatologues allemands ont observé 3 communautés riveraines de chimpanzés en Côte-d’Ivoire et ont trouvé entre elles des différences dans l’utilisation d’outils.
Les éthologues savent depuis de nombreuses années que chez certains animaux sociaux, tel groupe n’a pas les mêmes habitudes que tel autre. Peut-on parler de culture, ou bien cette variabilité est-elle uniquement due aux différences écologiques (entre habitats) ou génétiques (entre groupes) liées à l’éloignement de leurs territoires respectifs ? Chez les chimpanzés, en tout cas, c’est la première hypothèse – la culture – qu’il faut invoquer, selon les travaux menés par les chercheurs de l’Institut Max Planck d'anthropologie évolutionnaire de Leipzig (Allemagne), qui étudient 3 communautés sauvages de ces primates, vivant sur des territoires contigus dans le Parc National de Taï, en Côte d'Ivoire.
En effet, pour la première fois, les chercheurs ont observé des différences dans l’utilisation d’outils entre ces 3 groupes distincts –  mais voisins. Pour casser des noix fraîches, les membres des 3 clans utilisent la même technique : placer le fruit sur une racine qui fait office d’enclume, et la frapper à l’aide d’un percuteur, parfois en bois mais si possible en pierre (plus dure). Mais lorsque, la saison avançant, les noix deviennent sèches (donc plus faciles à briser), les membres de 2 des groupes privilégient les marteaux en bois, plus faciles à trouver mais le clan 1 choisit des outils d’une taille distinctive et le clan 2 d’une autre taille. En revanche, les singes du 3ème groupe continuent de préférer les marteaux en pierre : 3 comportements différents.
"Chez les humains, les différences culturelles sont une part essentielle de ce qui distingue les groupes voisins qui vivent dans des environnements très similaires. Pour la première fois, une situation très semblable a été trouvée chez les chimpanzés sauvages vivant dans le Parc National de Taï, et cela démontre qu'ils partagent avec nous une capacité de différenciation culturelle à une échelle fine", conclut Lydia Luncz, auteur principal de l’étude, qui espère retourner sur le terrain pour compléter ses travaux.
Car le temps presse : 90% des populations de chimpanzés de Côte d'Ivoire ont disparu au cours des 20 dernières années… et avec elles, sans doute, une grande partie de la variation culturelle au sein de cette espèce.

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