Plus vous avez peur des araignées, plus elles vous paraissent grosses!
C'est
l'amusante conclusion d'une étude publiée en février 2012, dans le Journal
of Anxiety disorder : plus les
araignées nous effraient, plus on surestime leur taille par rapport à leur
réalité. Une araignée de quelques centimètres pourraient ainsi se
transformer en monstre hideux et énorme, aux yeux d'un arachnophobe.
Dans cette
expérimentation, menée par Michael Vasey (Département de Psychologie de
l'Université de l'Ohio), on demandait à des participants de se confronter 5
fois physiquement (donc, de se mettre en présence) à de véritables araignées
(plutôt volumineuses, puisqu'il s'agissait de tarentules!), puis, après chacune
des confrontations, d'estimer la taille
du monstre vu. Or, les résultats révélèrent que plus les personnes
avaient peur des araignées, plus elles en surestimaient la taille.
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Le problème
présente un côté exponentiel : plus on a peur, plus on a l'impression que
l'araignée est grosse, et donc, plus on a peur... Il devient donc difficile de
gérer de telles confrontations si l'on voit le monde de sorte qu'il exacerbe
nos peurs profondes!
Mais ce n'est
pas le seul problème : lorsque l'on est phobique, on a tendance à éviter toute
situation susceptible de nous mettre en présence avec l'objet de notre peur.
Or, plus on l'évite, moins on a de chances de se rendre compte que l'on se
trompe (par exemple, sur la dangerosité, la taille perçue, etc...).
L'étude a été
réalisée sur 57 participants se définissant comme arachnophobes. Durant 8
semaines, 5 confrontations, avec des araignées allant de 3 à 15 cm, étaient programmées.
On mesurait le degré d'anxiété et de peur sur une échelle en 100 points,
agrémentées de questions permettant d'affiner la description du ressenti. Les
participants devaient ensuite estimer la taille de l'araignée qu'ils avaient vu
(et avec laquelle ils avaient, parfois, interagi). Des recherches ultérieures
réalisées sur des personnes non nécessairement arachnophobes, confirmaient
également les résultats. Plus on a peur, plus les bestioles semblent énormes.
La
méthodologie employée pour l’expérimentation se rapproche beaucoup des méthodes
thérapeutiques utilisées par le courant psychothérapeutique cognitivo-comportemental, connu pour
être très efficace dans le traitement
des troubles phobiques. Mais il ne fonctionne pas toujours, et pour
certaines personnes, ne dure qu'un temps. Les chercheurs espèrent, grâce à
l'analyse des perceptions des personnes phobiques, trouver le moyen de
déterminer à l'avance si ce type de thérapies a de grandes chances de réussir,
selon le patient concerné.
L'expérimentation
aura eu le mérite de mettre en évidence un effet perceptif que l'on soupçonnait
: la distorsion perceptive induite par
la peur.
Ce phénomène
pourrait s'avérer dangereux : si à priori, la peur des araignées, et le fait de
les voir plus grosses qu'elles ne le sont en réalité, peut paraître anodin,
qu'en serait-il de la peur des aiguilles? Une personne ayant une telle phobie
pourrait être amenée à percevoir de façon biaisée la taille des
dards qui vont lui transpercer la peau, même si c'est pour son bien : elle
pourrait bien éviter les piqûres des médecins autant que faire ce peut, à cause
de la distorsion de sa perception, et prendre ainsi des risques avec sa
santé... Aussi, une meilleure compréhension des mécanismes qui altèrent la
perception des objets phobogènes, pourrait permettre aux cliniciens de mieux
gérer les phobies de leurs patients, par exemple, en commençant par travailler
sur la réduction du filtre altérant la réalité perceptive.
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