vendredi 16 mars 2012

poubelle la vie




Poubelles la vie

De Slate.fr



Ça fait un bail que je me demandais qui oserait, et ce que celui (ceux) qui oserait pourrait en faire. Une série sur des éboueurs, ces types mystérieux qui vous réveillent le matin, ces ombres vertes qui bloquent votre rue en fin d’aprem, ces bienfaiteurs presque invisibles qui permettent à nos avenues de rester des avenues – demandez aux Marseillais. Bref, je m’égare. Une série avec des éboueurs dedans, elle pouvait être plus belle que poubelle. Mais pour ça, il fallait des scénaristes pas bourrins et un regard délicat, pas une grosse blague sur ceux qui ramassent nos ordures. Ce sont les Suisses qui l’ont fait. Sans blague. Cette série s’appelle CROM, et elle commence dans une grosse heure (à 18h40 ce mardi) sur TV5 Monde.
On va freiner d’entrée de jeu le camion-benne : CROM (pour Centre de Recyclage des Ordures Ménagères) n’est pas un chef-d’œuvre. C’est une petite comédie sentimentale intime et (un peu) sociale, sur une bande de cantonniers confrontée aux galères du quotidien et à une nouveau patron surexcité et capitaliste qui explique, « la voirie, tu l’aimes ou tu la quitte. » Au centre de l’histoire, Oscar, un brave type gentil comme tout, un peu patachon, qui aime les tournées avec Don Giovanni à fond dans l’autoradio, sa fille de 11 ans et sa femme… qui le met à la porte parce qu’elle s’ennuie, parce que la vie, elle, elle ne la voit pas comme une tournée pénard.
CROM n’est pas une série sur les éboueurs, plutôt une histoire humaine sympathiquement (et tristement) banale, dont les héros sont des éboueurs. Des bras cassés attachants, un peu gaffeurs, des gens simples, mais pas dans le sens méprisant du mot. Juste des types corrects, qui se plaignent rarement de leur vie, qui font leur boulot en bons copains, sans juger celui qui jettent les sacs dans la benne à côté d’eux. Comme il faut bien un petit élément dramatique déclencheur, vient s’inviter dans cette bande une jeune délinquante qui, on s’en doute, se révèlera au fur et à mesure des épisodes une chic fille pleine de ressources.
Sans casser des briques, sobrement, simplement, CROM dessine ces personnages, prend son temps, réussit quelques bonnes blagues et quelques jolies répliques – « je débarrasse les gens, les riches et les pauvres, du superflu », lâche Oscar, poète de la poubelle – pour finalement nous convaincre de suivre le chemin de ses héros. Il y a encore beaucoup à faire autour des ordures – j’aimerais bien un thriller avec des éboueurs tueurs ou une séries SF sur des éboueurs intergalactiques – mais CROM offre une belle entrée en la matière. Elle a même eu le mérite d’offrir un peu de visibilité médiatique à un métier souvent méprisé .

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire