mardi 24 avril 2012

big brother



Deux films qualifiés d’ « obscènes » retirés des écrans en Iran

Deux films ont été retirés de l'affiche dans les cinémas iraniens pour atteinte à la morale islamique. Sortis en salle début mars, les films "Police des mœurs" (Gasht-e-Ershad) et "Vie privée" (Zendegi-e-Khosoosi) ont été définitivement interdits dans l'ensemble des salles de cinéma mercredi 11 avril.
Ces interdictions sont le fait des milieux ultraconservateurs qui ont condamné des films "immoraux" et obscènes". Des bassidji et des partisans d'Ansar-e-Hezbollah, deux groupes paramilitaires, ont manifesté le 18 mars devant le ministère de la culture et de la Guidance islamique avec des pancartes "Familles de martyrs, nous avons honte", demandant le retrait des films dans les cinémas sous un délai de quarante-huit heures.

C'est ensuite l'imam de la prière du vendredi à Téhéran, l'ayatollah Ahmad Khatami, membre de l'Assemblée des experts, qui a surenchéri dans un discours lors de la prière collective du 23 mars.
Ahmad Khatami a demandé au ministère de "retirer ces films des écrans pendant qu'il en est encore temps" et d'"invalider l’autorisation de diffusion", avant d'ajouter : "Ce n’est pas digne de vous et de votre ministère d’autoriser la diffusion de ces films obscènes dont le contenu insulte le régime et les valeurs sacrées. [...] Les responsables doivent savoir que nous ne faisons pas de compromis sur la religion et les mœurs. " Ses propos ont été repris par des membres du clergé dans d'autres villes.
Pourtant, ces deux films avaient bénéficié de l'accord indispensable du ministère de la Guidance. Le film Vie privée, réalisé par Mohammad Hossein Farahbakhsh, traite le thème audacieux de l'infidélité et met en scène un homme prenant ses distances avec un passé de croyant fervent et pratiquant. Police des mœurs, de Saïd Soheili, un ancien bassiji, raconte l'histoire de trois amis issus de familles modestes qui se font passer pour des agents de la police des mœurs afin de se faire de l'argent. Ce dernier film a reçu un prix au Festival national du film Fajr.
Plusieurs voix ont contesté ces réactions hostiles dans les jours qui ont suivi. L'assemblée des réalisateurs iraniens a qualifié, dans un communiqué, ces événements de "désolants", soulignant que l’interdiction de films ayant reçu une autorisation de diffusion au préalable constituerait un précédent.

Ministre de la Culture et de la Guidance islamique, Mohammad Hosseini
Les réalisateurs des deux films ont joint leur voix dans un communiqué pour faire part de leur déception de voir le ministère de la Guidance renoncer face à des comportements " ne respectant pas la loi". Ils expriment malgré tout leur compréhension: "Le ministère a subi beaucoup de pressions et ceci aurait pu arriver pour n’importe quel film.Le ministre a lui-même qualifié ces attaques d'"exagérées" dans un entretien avec l'agence Fars le 4 avril.
En vain. Les deux films ont finalement disparu des salles.

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