mardi 24 avril 2012

santé : plante médicinale et cancer


Une plante médicinale responsable de cancers du rein

Par Marc Mennessier - le 12/04/2012
À Taïwan, où la consommation d'aristoloches est importante, ce type de cancer est quatre fois plus fréquent qu'ailleurs.
On ne le dira sans doute jamais assez: la médecine par les plantes, qualifiée de «naturelle», n'est pas forcément «bonne» ni exempte de risques. Une étude publiée en début de semaine dans les Actes de l'Académie américaine des sciences (Pnas) révèle qu'une substance toxique, présente dans un traitement à base de plantes très populaire, notamment en Asie, est impliquée dans plus de la moitié des cas de cancer du système urinaire survenus dans l'île de Taïwan, où la médecine traditionnelle est très répandue. Utilisées depuis des millénaires pour, entre autres, calmer les douleurs articulaires ou les maux d'estomac et faciliter la perte de poids, ces herbes vénéneuses appartiennent au groupe des aristoloches, qui rassemble plus de 300 espèces réparties dans la plupart des zones tropicales et méditerranéennes du globe. Mais, depuis une dizaine d'années, des travaux scientifiques ont montré que l'acide aristolochique qu'elles renferment est un puissant toxique pour les reins, responsable également de cancers des voies urinaires.
Les recherches menées par l'équipe américano-taïwanaise, dirigée par Arthur Grollman, de l'université Stony Brook à New York, montrent qu'à Taïwan, où il est établi qu'un tiers de la population a ingéré de l'acide aristolochique au cours des dernières années, la prévalence des cancers du système urinaire ou des reins est quatre fois plus élevée que dans les pays occidentaux, où l'utilisation de ces plantes est moins fréquente. L'étude a porté sur 151 patients taïwanais atteints de cancer du système urinaire, dont 60% étaient porteurs de mutations génétiques spécifiquement liées à l'ingestion d'acide aristolo­chique.
Les aristoloches, dont l'étymologie («meilleur accouchement», en grec) suggère qu'elles ont également servi à soulager les douleurs des femmes parturientes, ont «été utilisées dans toutes les cultures du monde» depuis très longtemps, note Arthur Grollman.
Dans les années 1950, l'acide aristolochique a été identifié comme la cause d'une maladie rénale baptisée néphrite endémique des Balkans. Cette affection grave touchait des villageois de Bosnie-Herzégovine, de Croatie, de Serbie mais aussi de Bulgarie et de Roumanie où la farine qu'ils utilisaient pour fabriquer leur pain avait été contaminée par des graines d'aristoloches.
Dans les années 1990, un traitement destiné à faire perdre du poids contenant de l'acide aristolochique a également été mis en cause en Belgique, après des cas d'insuffisance rénale détectés chez des femmes.
Malgré l'interdiction frappant l'utilisation de cet acide dans de nombreux pays, sa diffusion se poursuit, notamment dans certains produits pharmaceutiques vendus sur Internet, déplore Arthur Grollman.

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