mercredi 4 juillet 2012

qu'est-ce qu'il ne faut pas faire parfois ...

trouvé dans un vieux "Marianne", dans une salle d'attente ... cliquez sur l'image pour l'agrandir


l'art d'être grand-père ...

Les effets du bisphénol A sont transgénérationnels

LE MONDE | 21.06.2012 à 16h54 • Mis à jour le 21.06.2012 à 16h54

Il ne suffira pas d'interdire le bisphénol A (BPA) pour que ses effets sur les populations disparaissent. Il faudra aussi attendre. Et attendre suffisamment pour que passent plusieurs générations.

C'est ce que suggère une étude à paraître dans la prochaine édition de la revue Endocrinology, la première à mettre en évidence le caractère transgénérationnel des troubles du comportement que cette molécule induit chez les souris qui y sont exposées. Et ce, même à des niveaux d'exposition très faibles, comparables aux concentrations de BPA retrouvées dans la plus grande part de la population humaine occidentale.

En clair, non seulement les rongeurs exposés in utero au BPA présentent plus tard dans leur vie des troubles comportementaux, mais ils les transmettent à leur descendance, quand bien même celle-ci n'a pas été exposée. Selon les conclusions de ces travaux américains, conduits par la biologiste Jennifer Wolstenholme (université de Virginie, Etats-Unis), l'altération du comportement social des rongeurs persiste jusqu'à la quatrième génération...
Pendant les dix derniers jours de leur gestation, des souris pleines ont quotidiennement ingéré environ 20 microgrammes de BPA, tandis qu'un groupe de femelles-témoins, également pleines, a reçu une nourriture exempte de cette molécule, connue pour sa capacité à perturber le système hormonal de nombreux organismes.
 "LES EFFETS COMPORTEMENTAUX SEMBLENT ASSEZ NETS"
Quelques jours après leur naissance, les comportements des juvéniles des deux groupes ont été comparés, grâce une analyse quantitative de certaines activités (fréquence des déplacements, exploration de l'environnement, etc.) ou de certaines postures sociales (temps passé seul ou en compagnie de ses congénères, recherche de relations, etc.).
Par rapport au groupe-témoin, les jeunes exposés in utero au BPA montrent "des interactions sociales réduites chez les souris des deux sexes" ainsi qu'"une préférence réduite pour la compagnie des mâles adultes". Au sein de chacun des deux groupes, trois générations ultérieures ont ensuite été étudiées. Ceux dont les aïeuls ont été exposés in utero au BPA ont été comparés à ceux dont la lignée est exempte de tout contact avec le perturbateur endocrinien.
Surprise : chez ces animaux, l'effet est inversé. "De manière générale, l'exposition (de la génération antérieure) au BPA accroît les comportements sociaux et réduit les comportements asociaux chez les souris de la deuxième génération, et cet effet persiste jusqu'à la quatrième", écrivent les auteurs.
"Ces études transgénérationnelles sont très difficiles à mener", commente le pharmaco-toxicologue Robert Barouki, professeur à l'université Paris-Descartes et directeur de l'unité 747 de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui n'a pas participé à ces travaux. "Mais les auteurs ont ici mené leurs expériences sur un nombre suffisant d'animaux, plus d'une dizaine, et les effets comportementaux semblent assez nets."
CANCERS ET BAISSE DE FERTILITÉ
Les chercheurs ne se sont pas limités à une analyse comportementale des animaux. Ils en ont également sacrifié plusieurs, afin de mesurer, dans leur cerveau, l'expression des gènes codants pour la vasopressine et l'ocytocine.
Les chercheurs notent que les concentrations de ces deux hormones - connues pour jouer un rôle sur le comportement social - sont altérées sur quatre générations, par une exposition au BPA de la première... "Je suis plus réservé sur le mécanisme mis en avant pour expliquer les effets observés", estime cependant M. Barouki, qui ajoute que "des travaux ultérieurs devront creuser cette question".
Pour autant, le principal résultat de ces travaux n'est pas surprenant. Des effets transgénérationnels de perturbateurs endocriniens sont bien connus depuis la fin des années 1990, mais concernent surtout l'augmentation des risques de cancer et la baisse de la fertilité. C'est la première fois que des altérations comportementales sont documentées sur plusieurs générations.
Les agences européenne (EFSA) et américaine (FDA) ne considèrent toujours pas le BPA comme dangereux aux niveaux courants d'exposition dans la population. Cette substance est cependant au centre d'un projet de loi, déposé en 2011 par le député (PS) Gérard Bapt, qui vise à la proscrire des contenants alimentaires d'ici à 2014.


fracture numérique 2.0


Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique

Facebook Monde Techno  22 juin 2012
La lecture de la semaine est un article paru mardi dans le New York Times sous la plume de Matt Richtel (@mrichtel), et il est intitulé "Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique". Un bon sujet de réflexion pour ceux qui ont l'accès à l'internet comme seule politique numérique.
"Dans les années 90, commence l'article, le terme de "fracture numérique" est apparu pour décrire la séparation entre ceux qui possédaient la technologie, et ceux qui ne la possédaient pas. Il a été à l'origine de nombreux effort pour mettre dans les mains des Américains, en particulier des familles les plus défavorisées, les outils numériques dernier cri. Ces efforts ont permis de réduire la fracture, c'est un fait. Mais ils ont eu une conséquence inattendue, qui a surpris et troublé aussi bien les chercheurs que les politiques et le gouvernement. D'après les études menées, une fois l'accès aux technologies démocratisé, les enfants des familles les plus pauvres passent considérablement plus de temps que les enfants de familles aisées à regarder la télévision ou utiliser leurs gadgets pour regarder des émissions et des vidéos, pour jouer ou se connecter à des réseaux sociaux. Ce nouveau fossé, celui du "temps gaspillé" dépend plus, selon les chercheurs, de l'aptitude des parents à surveiller et limiter l'usage des technologies par leurs enfants, que de l'accès à ces mêmes technologies.



"Cette nouvelle fracture préoccupe à ce point les autorités que la Federal Communications Commission réfléchit à dépenser 200 millions de dollars pour créer un corps de formateurs dédié à l'alphabétisation numérique. Ce groupe composé de milliers de personnes parcourrait les écoles et les universités pour enseigner l'usage intelligent des ordinateurs aux parents, aux élèves et aux chercheurs d'emploi. Il s'appuierait aussi sur des réseaux de formation déjà existants et des initiatives déjà en place de formation au numérique.
La FCC et les autres décideurs disent vouloir toujours mettre l'informatique dans la main de tous les Américains, car le fossé reste important. Selon elle, près de 65 % des Américains ont un accès à internet chez eux, mais on tombe à 40 % pour les foyers aux revenus les plus bas. 50 % des Hispaniques et 40 % des Afro-américains n'ont pas d'accès à l'internet. Il ne s'agit donc pas de limiter l'accès. Mais, selon la célèbre ethnographe américaine danah boyd, "l'accès n'est pas la panacée. Non seulement ça ne résout pas le problème, mais cela reflète et magnifie les problèmes existants". Comme beaucoup de chercheurs, danah boyd pense que l'effort initial de réduction de la fracture numérique n'avait pas anticipé que les ordinateurs seraient utilisés à ce point à des fins de divertissement.
Une étude publiée en 2010 par la Kaiser Family Foundation a montré que les enfants et adolescents dont les parents n'avaient pas l'équivalent du bac passaient 90 minutes de plus par jour à utiliser les médias que les enfants de familles plus favorisées socioéconomiquement. En 1999, la différence n'était que de 16 minutes.
"Malgré l'utilisation éducative potentielle des ordinateurs, la réalité est que leur usage éducatif ou pour la création de contenu ayant du sens est minuscule comparé à leur usage pour le divertissement pur", explique Vicky Rideout, qui a mené l'étude pour la Fondation Kaiser, "au lieu de réduire la fracture, ils augmentent le fossé du temps gaspillé". Même si les enfants de familles éduquées jouent aussi beaucoup, le défi est donc accru pour les parents et enfants de familles défavorisés, ceux qui étaient censés profiter de la réduction de la fracture numérique. L'article montre ensuite que les conséquences peuvent parfois être désastreuses, notamment pour la scolarité.
Le constat n'est pas nouveau, me rappelait gentiment Bernard Benhamou, le délégué aux usages, qui précisait que Manuel Castels avait déjà dit cela en 1999. Oui, mais ce que notent les chercheurs, c'est l'accroissement de l'écart, en temps et usage, un accroissement dû, et c'est un paradoxe à des politiques bienveillantes de démocratisation de l'accès. L'exemple américain pourrait inspirer une politique numérique en montrant qu'elle doit tenir sur deux jambes : accès d'un côté, éducations aux usages de l'autre...

convivialité / gastronomie


gastronomie / écologie



Vendredi 22 juin 2012
  (courrier international)

INDONÉSIE Les producteurs d’huile de palme à l’assaut des éléphants

Douze éléphants sont morts empoisonnés en trois mois dans les provinces d’Aceh et de Riau, à Sumatra. Ils ont été délibérément tués non pas pour leurs défenses, mais parce qu’ils détruisaient les plantations de palmiers destinés à la production d’huile, précise le directeur du bureau indonésien du WWF, Nazir Foead, dans les colonnes de Kompas.
Foead propose que les compagnies qui possèdent les grandes plantations empruntent au ministère des Forêts des éléphants dressés pour effectuer des patrouilles et repousser les éléphants sauvages qui menacent les palmiers. Il faut aussi, dit-il, cesser de développer des plantations dans les couloirs de migration des éléphants, sinon les conflits se multiplieront et tout le monde, hommes et bêtes, en sortira perdant.

Il ne resterait plus qu’entre 2 400 à 2 800 éléphants à Sumatra, soit 50 % de moins qu’en 2007.

les bienfaits de la pensée magique


Les bienfaits de la pensée magique


Le consensus semble établi par la plupart des chercheurs en neurosciences. L'homme n'est pas un animal rationnel. Tandis que les experts en neuroéconomie, le prix Nobel Daniel Kahneman en tête, découvrent que l'être humain est un pauvre calculateur (au point que certaines personnes souffrant de lésions cérébrales montrent une bien meilleure capacité à investir et évaluer les risques que des personnes saines), d'autres chercheurs appréhendent les origines biologiques et cognitives de la religion : un récent numéro de New Scientist a d'ailleurs fait sa couverture sur le sujet. D'un autre côté, Matthew Hutson, journaliste scientifique spécialisé dans les sciences cognitives et les neurosciences, nous chante les bienfaits de la superstition. Il vient de publier le livre : Les 7 lois de la pensée magique : comment nos croyances irrationnelles nous gardent heureux, en bonne santé et sains

Les fondements cognitifs de la religion populaire

Le New Scientist vient donc de sortir un numéro spécial "Science de Dieu".

L’article le plus intéressant du dossier est sans doute celui de Robert McCauley, spécialiste reconnu de la science cognitive de la religion, qui a récemment popularisé ses idées dans un livre Pourquoi la religion est naturelle alors que la science ne l'est pas.

Pour MacCauley, il existe dans notre cerveau un certain nombre de "modules" déjà câblés nous permettant, par exemple, de reconnaître les visages, d'apprendre le langage, d'avoir une "théorie de l'esprit", d'être capable d'éviter les dangers... Il emploie pour décrire ces fonctions le terme de "naturellement mature". Autrement dit, elles font partie du développement cognitif "normal" et ne nécessitent pas d'efforts particuliers d’apprentissage. Ce sont aussi des systèmes rapides, ils s’apparentent à ce que l'économiste comportemental Daniel Kahneman nomme le système 1, soit les fonctions mentales qui nous permettent de décider rapidement. C'est l'ensemble de ces systèmes qui nous rendent réceptifs à la pensée magique et religieuse, explique McCauley. Lorsqu'ils se combinent entre eux, ils sont capables de créer des "faux positifs" susceptibles de nous amener à croire à des phénomènes "contre-intuitifs". Un exemple en est l'anthropomorphisme, qui consiste à attribuer une "théorie de l'esprit" à des objets qui en sont dépourvus. Dans le cadre d'un système rapide, l’anthropomorphisme a certainement une valeur adaptative réelle. Il valait mieux, pour l’homme préhistorique, soupçonner une intention (c'est-à-dire un prédateur) derrière un mouvement de branchages qu'ignorer cette intention lorsqu'elle existait.

Une autre conséquence est "l'apophénie" qui consiste à repérer des modèles significatifs là où il n'y en a pas : par exemple, apercevoir la Sainte Vierge sur sa tartine de confiture de fraise.

Tout ceci crée un réseau de comportements et de pratiques (rituels, espaces et objets sacrés, etc.) qui fondent de que McCauley appelle la "religion populaire," un socle mental "par défaut" que nous avons tendance à développer naturellement. Ainsi, pas besoin, comme le pensent certains scientifiques, d'imaginer une "zone du cerveau" consacrée à la religion. Celle-ci est une conséquence du développement cognitif normal de l’individu.

Mais McCauley insiste sur la notion de "religion populaire", bien différente de la religion dogmatique et doctrinale qu'on peut revendiquer consciemment. S'il faut comparer la science à quelque chose, ajoute-t-il, ce n'est pas à la religion, mais plutôt à la théologie. Science et théologie appartiennent en effet au "système lent" de Kahneman : ce sont les produits des fonctions les plus élevées, les plus rationnelles de notre cerveau.

Ce qu'il est important de noter, continue le chercheur, c'est que la théologie est finalement aussi éloignée de la religion populaire que cette dernière peut l’être de la science. Un croyant aura beau mettre en avant certaines des caractéristiques les plus élevées de la divinité (omniprésence, omnipotence, etc.) cela n'aura guère d'impact sur son comportement religieux : "Lorsqu’on leur demande, au cours d'expériences, de parler ou de penser aux actions de Dieu ou des dieux, les personnes religieuses abandonnent complètement et immédiatement les doctrines théologiquement correctes en faveur de la religion populaire - même s'ils viennent juste de revendiquer et affirmer ces doctrines. La façon dont ils pensent et parlent montre qu'ils considèrent plus Dieu comme une version de Superman que comme le maître omniscient omniprésent et omnipotent dans lequel ils affirment croire".

Dans son livre, McCauley donne un exemple de ces expériences. Il raconte ainsi que la plupart des croyants interrogés lors d'un test de mémoire (dans lequel ils devaient se remémorer une histoire où un enfant prie pour avoir rapidement la vie sauve alors que Dieu est en train de répondre à une autre prière), tendaient à réinterpréter des passages en laissant entendre que Dieu avait du mettre un certain temps pour répondre à la prière, soit parce qu'il devait se relocaliser après avoir répondu à la prière précédente, soit parce qu'il n'avait pas fini d’exaucer cette dernière.

Les autres articles du New Scientist laissent passer un message analogue. Un premier nous informe que les enfants sont "naturellement religieux", qu'ils ont tendance à voir dans les événements aléatoires l'expression de la volonté d'agents. Un second insiste sur le rôle fondamental des religions dans la naissance des civilisations. La religion accroitrait l"'esprit de coopération, explique l'auteur, et faciliterait les comportements sociaux en donnant à chacun l'impression d'être surveillé par des êtres surnaturels.

La superstition, un bienfait ?

Reste à savoir que faire de cette pensée "rapide", si prompte à encourager le développement de toutes sortes de croyances diverses. C'est là que le livre de Matthew Hutson apporte un éclairage inédit. Sortez vos porte-bonheurs, vos fers à cheval et vos trèfles à quatre feuilles: la superstition joue un rôle positif.
L'auteur a exposé certains points clés dans un récent article pour le New York Times. Selon lui, "nous sommes tous des mystiques", à un certain degré. Il va même plus loin en affirmant que "la pensée magique est la pensée par défaut". Autrement dit, nous sommes tous spontanément conduits à former des raisonnements "superstitieux".
On s'aperçoit que bien des "lois psychologiques" énoncées par Hutson retrouvent les aspects de la religion populaire chère à McCauley : comme celle qui consiste à voir, même dans des événements aléatoires, l'expression d'un sens profond, d'un dessein caché. Autre exemple, l'animisme, qui prête des intentions à l'ensemble des objets du monde vivant, y compris nos voitures (et bien sûr, aux robots, même les plus primitifs). Parmi les "7 lois" formulées par Hutson (présentées dans le magazine Forbes), on mentionnera aussi le fait que "les objets ont une essence", ce qui implique la multitude des objets sacrés, des talismans, des amulettes. Ou encore, l'importance des symboles : ainsi, un mariage un jour d'orage, nous dit Hutson, peut être vu comme le signe de difficultés conjugales à venir. Bref autant d'attitudes magiques qui servent bien souvent de soubassement à la religion populaire au sens où l'entend McCauley. Par bien des côtés, tout cela n'est pas bien nouveau pour les anthropologues, qui reconnaitront dans ces "lois" des phénomènes déjà décrits depuis bien longtemps par James Frazer ou Levy-Bruhl, et bien d'autres. La nouveauté, c'est de reconnaitre que ces différents processus mentaux ne sont pas simplement des croyances induites par la culture ou qui participent d'une mentalité "primitive", mais constituent la base de notre structure mentale. Et surtout, qu'ils peuvent se montrer avantageux.

Dans le New York Times, Hutson se base sur diverses expérimentations en psychologie pour asseoir son argumentation. Parmi elles celles réalisées par Lysann Damisch et son équipe à l'université de Cologne (.pdf). La première expérience demandait aux sujets d'effectuer une épreuve dans laquelle certains disposaient d'une "balle de golf chanceuse". Résultat, ceux qui ont utilisé la balle "porte-bonheur" (ou plutôt qu'ils croyaient telle) ont obtenu de meilleures performances que ceux qui se sont servis d'une balle présentée comme "neutre" - une petite note d'importance s'impose ici : un prétest avait établi que 80% des sujets croyaient aux pouvoirs des porte-bonheur. Cette expérience montre donc que les gens superstitieux sont plus enclins à réussir certaines tâches en fonction de leur croyance, mais pas que des personnes sceptiques puissent se retrouver inconsciemment sous l'influence d'une superstition...

L'équipe a poursuivi d'autres expériences sur la superstition, et s'est essayée à comprendre les mécanismes psychologiques qui amenaient une augmentation de performance chez les sujets superstitieux. Il s'est avéré que, amenés à résoudre une énigme en présence de leurs amulettes, ceux-ci tendaient à essayer plus longtemps et plaçaient la barre plus haut. Ils augmentaient ainsi leurs chances de réussir. 

La "nouvelle magie" de Hutson connaitra-t-elle un effet de mode comme le neuromarketing ? Peut-être bien. The Investor publiait récemment un article basé sur les thèses de Hutson pour donner des conseils aux hommes d'affaires. L’article lui-même n'est pas d'un grand apport, mais il est intéressant de remarquer que les idées de Hutson entrent déjà dans le logiciel intellectuel d'une profession qui, avec son armée de spin doctors et de "méthodes de réussite", repose bien plus souvent sur l'ancien chamanisme que sur une quelconque rationalité. 


maintenant on comprend pourquoi !


Monde Blogs

Le savoir scientifique peine à s’imposer dans les cerveaux

Publiés en 2005 dans un Eurobaromètre intitulé "Les Européens, la science et la technologie", ces chiffres me sidèrent toujours un peu quand je les vois et il est, je crois, utile de les rappeler régulièrement. Réalisé à partir de quelque 33 000 entretiens menés dans une trentaine de pays d'Europe (Turquie comprise), ce baromètre donne notamment un aperçu de l'état des connaissances scientifiques. Face à l'affirmation suivante – "le Soleil tourne autour de la Terre" – 29 % des personnes interrogées ont déclaré qu'elle était vraie, 66 % l'ont jugée fausse (ce qu'elle est) et 4 % ne savaient pas ou ont refusé de répondre. De la même manière, seulement 46 % des sondés ont dit que les électrons étaient plus petits que les atomes (réponse correcte), 29 % pensant le contraire et 25 % ne se prononçant pas. Il se trouve aussi 20 % de personnes pour croire que le sexe de l'enfant est déterminé par les gènes de la mère, 23 % pour dire que les premiers humains ont cohabité avec les dinosaures, 26 % pour penser que les lasers sont faits d'ondes sonores, 20 % pour estimer qu'Homo sapiens ne s'est pas développé à partir d'espèces antérieures (à comparer avec les 46 % d'Américains qui partagent la même opinion) tandis que 17 % affirment que la Terre fait le tour du Soleil en un mois, au lieu d'un an.
Certaines questions sont évidemment plus compliquées que d'autres et il ne faut pas non plus négliger les contextes culturels et religieux. Mais tout de même, 29 % de géocentriques, cela fait beaucoup en ce début de troisième millénaire car point n'est besoin d'avoir un doctorat de physique pour savoir que la Terre tourne autour du Soleil et pas le contraire : c'est au programme de l'école primaire. D'où la question suivante : pourquoi le savoir scientifique peine-t-il à s'inscrire dans les cervelles ? Dans une étude publiée en mai par la revue Cognition, Andrew Shtulman et Joshua Valcarcel, deux chercheurs en psychologie de l'Occidental College de Los Angeles, semblent avoir trouvé une partie de la réponse, grâce à une petite expérience assez simple.
Ils sont partis de l'hypothèse selon laquelle, lorsque les écoliers, collégiens, lycéens et étudiants suivent des cours de sciences, ce qu'on leur enseigne entre parfois en conflit avec ce qu'ils savent intuitivement du monde (ce que Shtulman et Valcarcel appellent les théories "naïves", au sens d'"empiriques") car, lorsqu'ils arrivent en classe ou en amphi, leur cerveau n'est pas une feuille vierge attendant d'être imprimée. Pour reprendre le cas du géocentrisme, celui-ci est "expérimenté" quotidiennement et est inscrit dans le langage puisqu'on dit chaque jour que le Soleil "se lève", qu'il décrit son orbe dans le ciel où il "se déplace", puis qu'il "se couche". Il est donc contre-intuitif de prétendre que c'est la Terre qui tourne autour du Soleil et que le mouvement apparent de ce dernier est dû à la rotation de notre planète. Shtulman et Valcarcel se sont donc demandé ce qu'il advenait des théories naïves lorsque la science les démentait : sont-elles purement et simplement effacées et remplacées par le savoir scientifique ou bien demeurent-elles dans nos esprits, de manière latente, sous-jacente.
Leur expérience a consisté à soumettre des jeunes adultes ayant suivi plusieurs années d'enseignement des sciences à un test de rapidité. Il fallait, le plus vite possible, ranger 200 affirmations dans la catégorie "vrai" ou "faux". Théories naïves et scientifiques se rejoignaient sur certaines assertions ("la Lune tourne autour de la Terre") mais étaient en désaccord sur d'autres ("la Terre tourne autour du Soleil"). Dix domaines scientifiques étaient explorés, de l'astronomie à la génétique, des fractions à la thermodynamique, en passant bien sûr par l'évolution et la biologie. La moitié des 200 phrases présentées étaient censées provoquer une dissonance entre savoir intuitif et savoir scientifique. Citons par exemple "la Lune produit de la lumière" (naïvement vraie puisque la Lune brille, scientifiquement fausse puisque notre satellite se contente de réfléchir la lumière du Soleil), "1/13 est plus grand qu'1/30" (intuitivement fausse pour beaucoup, qui ne considèrent que la grandeur du dénominateur, mais mathématiquement vraie), "les atomes sont principalement composés de vide" (naïvement fausse/scientifiquement vraie) et le célébrissime "un kilo de plomb pèse plus qu'un kilo de plumes".
Les résultats livrent deux enseignements. Primo, que l'on se trompe bien plus lorsqu'il y a conflit entre, d'un côté, l'intuition (et aussi probablement les convictions religieuses) et, de l'autre, la science. Secundo, que l'on met systématiquement plus de temps à évaluer une affirmation quand les théories naïves et scientifiques ne sont pas d'accord. L'étude note aussi que, de manière générale, plus les connaissances scientifiques ont été acquises tôt, moins il y a d'erreurs, sans toutefois que cela les empêche toutes. Le savoir scientifique peut masquer le savoir "naïf" mais ne l'efface jamais. Il résiste, reste là, quelque part, dans un coin de notre cerveau, comme s'il ne demandait qu'à ressortir. Cela lui arrive d'ailleurs parfois, d'une manière un peu détournée. Une étude parue en 2007 dans Psychological Science a montré que les personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer avaient, pour expliquer les phénomènes physiques (par exemple "pourquoi le Soleil brille-t-il ?"), nettement plus tendance que les adultes sains à préférer une explication par la finalité ("pour que les animaux et les plantes aient assez de lumière pour survivre") que par les causes ("parce que des réactions chimiques dans le Soleil produisent de la lumière"). Comme les enfants.

l'amour éternel existe : des tortues font l'amour depuis 47 millions d'années


C’EST BEAU – Des tortues font l’amour depuis 47 millions d’années


Neuf couples de tortues figés en plein coït ont été découverts dans un gisement de fossiles allemand vieux de 47 millions d'années. C'est le plus ancien témoignage d'accouplement jamais trouvé chez des vertébrés, indiquent les chercheurs.
C'est sur le site fossilifère de Messel, une carrière désaffectée de schiste bitumineux située près de Francfort, que ces couples d'Allaeochelys crassesculpta, espèce aujourd'hui éteinte, ont été extraits. Au-delà de l'aspect anecdotique de cette étreinte fatale, la découverte est riche d'enseignements sur ces tortues d'eau douce préhistoriques, mais aussi sur les conditions qui prévalaient sur le site de Messel durant l'éocène moyen (40 à 50 millions d'années), assurent les auteurs de l'étude publiée mercredi dans la revue Biology Letters de la Royal Society britannique.
"Des millions d'animaux vivent et meurent chaque année, et nombre d'entre eux se fossilisent par hasard, mais il n'y a vraiment aucune raison que ça arrive lorsque vous êtes en train de vous reproduire. Il est hautement improbable que les deux partenaires meurent en même temps, et les chances que les deux soient fossilisés à la fois sont encore plus maigres", a expliqué Walter Joyce, de l'université allemande de Tübingen. Avec plusieurs couples, les probabilités s'amoindrissent encore.
Pour le scientifique et ses collègues, la preuve est désormais faite que le gisement de Messel, classé par l'Unesco depuis 1995 tant il a livré de trésors fossiles, était un lac volcanique dont les eaux ne devenaient toxiques qu'à grande profondeur, ce qui explique qu'on y retrouve aujourd'hui tant d'animaux préservés. Les chercheurs jugent en effet "peu plausible" que des couples de tortues aquatiques se soit amusés à nager, à se faire la cour, puis à s'accoupler dans des eaux empoisonnées.

Mais le comportement et le métabolisme des cousines actuelles d'Allaeochelys, qui absorbent à travers leur peau l'oxygène contenu dans l'eau et peuvent rester très longtemps en plongée, peut expliquer le sort des infortunées tortues : "Une fois que le mâle a réussi à monter la femelle, le couple reste souvent figé dans cette position avant de se séparer", au risque de "couler à des profondeurs considérables", estiment les auteurs de l'étude.
"Nous suggérons que les tortues ont commencé à copuler dans des eaux de surface habitables et ont péri durant leur étreinte fatale, lorsque leur peau a commencé à absorber des substances toxiques" contenues au fond du lac, vraisemblablement produites par des gaz volcaniques ou des matières organiques en décomposition.


sexualité


"La levrette est la position préférée des Français, pas des Françaises"

L’Express  21/06/2012 à 17:30
Quels sont les petits secrets des Français sous la couette ? Deux experts, un homme et une femme, commentent pour L'Express les résultats les plus étonnants d'un sondage sur les comportements érotiques de nos compatriotes. 
La levrette est-elle vraiment la position préférée des Français ? Fait-on plus souvent l'amour lorsque nous travaillons beaucoup ? Voici deux des questions brûlantes auxquelles un récent sondage a tenté de répondre en interrogeant plus de 5000 personnes dans 11 pays différents. Psychiatre et thérapeute de couple, Philippe Brénot a écrit Les hommes, le sexe et l'amour, (éditions Marabout), et Les femmes, le sexe et l'amour, 3000 femmes témoignent, (éditions Les Arènes). Journaliste scientifique, Elisa Brune est l'auteur de : La révolution du plaisir féminin. Sexualité et orgasme (éditions Odile Jacob). Ils commentent, pour L'Express, les résultats les plus surprenants de cette étude commandée par le site de rencontre casualdating.fr
La position préférée des Français, chez les hommes et les femmes interrogés, est la levrette (34%), devant le missionnaire (22,5%) et l'Andromaque, où la femme est au-dessus de l'homme (12%).
Elisa Brune: Je suis un petit peu perplexe. La levrette est une position particulière car elle accentue l'aspect symbolique de soumission de la femme. Elle est généralement appréciée par les hommes qui aiment dominer leur partenaire et par les femmes qui préfèrent être soumises. Mais c'est, par ailleurs, une position un peu inhibée par la morale et l'éducation. Si elle apparaît de façon explicite dans ce sondage, c'est qu'elle pourrait traduire un allégement du poids de cette morale en France, vis-à-vis d'autres pays du sud qui sont plus influencés par la religion, notamment. 
Philippe Brenot: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le résultat du sondage. Dans les études scientifiques, il apparait que la levrette est la position préférée des Français, mais pas des Françaises! Elle est celle qui excite le plus les hommes, mais ce n'est pas celle qui est la plus réalisée. Ils l'apprécient particulièrement car la vision des fesses de leur partenaire est un signal très excitant pour eux. Dans les faits, le missionnaire est bien plus fréquemment pratiqué. A mon avis, cela indique que l'avis de la femme doit intervenir lors du choix de la position. 
Plus les Françaises ont un salaire élevé et plus elles pratiquent la position andromaque.
Elisa Brune: Le niveau socioculturel est toujours lié à une plus grande sophistication des comportements sexuels ou érotiques, ou inversement à une plus grande variété. La position Andromaque inverse le rapport traditionnel de soumission. Ici, la femme est dominante. Celles qui ont moins de liberté culturelle ou économique auront effectivement moins facilement accès à cette position. 
Philippe Brenot: Il faut relier cette donnée à la précédente, qui concerne la levrette. Plus les femmes ont des revenus importants et plus elles se retrouvent dans une position supérieure, dominante, décidante, lorsqu'elles font l'amour. Par contre, plus le salaire des femmes est faible et plus elles sont soumises au désir des hommes qui, eux, désirent pratiquer la levrette. 
Lors d'un premier rendez-vous, les hommes s'attachent essentiellement au physique et à la tenue, tandis que les femmes privilégient l'odeur corporelle et le parfum.
Elisa Brune: Cette donnée est tout à fait logique. Les hommes sont connus pour être plus sensibles que les femmes aux signaux visuels. Cela se remarque dans leur appétit pour les images pornographiques, mais aussi dans la fixation de leur regard lors de premières rencontres. On peut rattacher cette importance du stimulus visuel, qui déclenche l'apparition d'un désir ou non, à la façon dont se construit la tension érotique chez les garçons. Celle-ci est forcément en rapport avec la vue puisque leurs organes sexuels sont externes. Les petits garçons voient leur pénis qui envoie des signaux, ils lui répondent, cela produit un plaisir et celui-ci est donc automatiquement associé au fait d'avoir vu l'organe en érection. 
Philippe Brenot: Il est établi que le signal d'attraction sexuel ou érotique est extrêmement différent selon le sexe. Pour les hommes, le signal est guidé par le visuel et donc l'apparence, le maquillage, la mini-jupe ou la silhouette. Tandis que les femmes sont guidées par deux attracteurs : l'audition et les odeurs, qu'elles soient naturelles artificielles. L'intitulé du sondage pose problème car l'audition n'est pas mentionnée dans les réponses possibles. Pourtant, je suis persuadé que le timbre de voix des hommes aurait été la réponse la plus citée par les femmes, qui sont extrêmement sensibles au ton d'une voix grave, tandis que le visuel n'a effectivement que peu d'impact pour elles. 
Parmi les Français qui travaillent plus de 50 heures par semaine, près d'un tiers (29%) font l'amour au moins une fois par jour. Ils ne sont que 16% parmi ceux qui travaillent moins de 20 heures par semaine.
Elisa Brune: Sur une moyenne statistique, même s'il ne faut pas faire de relation de cause à effet systématique, on observe effectivement que les gens qui travaillent beaucoup vivent dans un état de dynamisme ou de stress, connoté positivement. Leur taux d'adrénaline est plus important et cela favorise la libido. Il existe des tests psychologiques qui évaluent le degré de désir dans certaines situations données. On remarque ainsi qu'une personne qui se retrouve dans une situation instable, par exemple sur un pont suspendu au-dessus du vide, a une libido systématiquement plus élevée que celle d'une personne confortablement installée dans son canapé. 
Philippe Brenot : Je suis un peu dubitatif. Près d'un tiers des hommes hyperactifs seraient donc hypersexuels. Cela n'est pas exclu parmi les gens âgés de 20 à 30 ans, mais c'est beaucoup plus rare ensuite. En travaillant beaucoup, tous les hommes ne peuvent pas faire l'amour au quotidien, à tous les âges de la vie... Je ne crois pas, d'ailleurs, qu'il y ait beaucoup de partenaires qui puissent accepter, en dehors de la période suivant la rencontre, de faire l'amour tous les jours. Cette étude voudrait donner l'image de Français "bosseurs-baiseurs", c'est assez étrange." 
Parmi les Européens, les Français sont ceux qui apprécient le plus (17%) de faire l'amour avec une personne qu'ils viennent tout juste de rencontrer. Par comparaison, seuls 9% des Espagnols aiment goûter au plaisir de la chair dès le premier soir.
Elisa Brune : Les experts étrangers le soulignent souvent : en France, il y a une valorisation de l'amour, du plaisir, de la séduction. Séduire et prendre du plaisir nous paraît naturel alors que ce n'est pas forcément le cas partout. Un Américain m'expliquait récemment que la séduction, chez eux, c'est presque le diable. Le plaisir, ils n'en parlent pas car leurs valeurs sont le travail, l'efficacité, l'argent. Pour eux, le Français est un hédoniste invétéré. Ce fossé existe aussi, sans doute, entre la France et d'autres pays européens. Soit parce qu'ils sont de tradition protestante ou un petit peu austère, comme la Suisse, les Pays-Bas ou les pays nordiques, soit parce que le catholicisme y est plus marqué. 
Philippe Brenot : Je serais très prudent. La comparaison entre les différents pays fait souvent ressortir de vieux archétypes. Notre travail de scientifique est de gommer ces idées reçues. Par exemple, on disait autrefois que l'Italien était le séducteur, le Français un baiseur, l'Anglais un gentleman, ainsi de suite. Ce que l'on peut dire, toutefois, c'est que la France est en effet plus libre que beaucoup d'autres pays, comme l'Espagne, où le poids de la tradition y est plus important. 

gastronomie ... (aucun rapport avec le post précédent !!!)

Les normes sur les poules pondeuses font grimper le prix des œufs

Le Monde.fr avec AFP | 22.03.2012 à 18h20 • Mis à jour le 22.03.2012 à 18h20

Le prix des œufs a augmenté en Europe. Conséquence de l'interdiction des cages de batterie pour les poules pondeuses, reconnaît la Commission européenne. Cette hausse a été constatée au cours des dernières semaines détaille la Commission, "dans une grande partie de l'UE, en particulier concernant les œufs destinés à l'industrie alimentaire, qui ont atteint des niveaux records".

En matière de commerce d'œufs, on distingue en effet "les œufs de table" des œufs utilisés dans l'industrie. Ces derniers sont généralement "30 à 50 % moins chers que les œufs de table", indique la Commission, qui relève la nette progression de leur prix aujourd'hui : 10 à 20 % plus chers que les œufs de table. Les œufs utilisés dans l'industrie servent à la confection de gâteaux ou encore de pâtes alimentaires. Bruxelles souligne par ailleurs que la période de Pâques correspond au moment de l'année où la demande d'œufs est la plus élevée dans l'industrie alimentaire.
Les prix des œufs de table, eux, ont grimpé de 9,6 % en une semaine au début de mars et de 55,5 % par rapport à la même semaine de l'an passé, selon des chiffres fournis par la Commission.
PICOTAGE ET GRATTAGE
Bruxelles rappelle que lorsque l'Allemagne a interdit les cages de batteries, en 2010, "le marché a mis trois ou quatre mois à s'y ajuster". "A la lumière de cette expérience", les experts de la Commission "s'attendent à ce que le marché évolue dans la bonne direction d'ici à la fin d'avril". L'UE tient à insister sur le fait que "l'interdiction des cages de batterie est un des facteurs, mais pas le seul".
La Commission s'attend aussi à ce que la production d'œufs diminue de 2,5 % cette année par rapport à 2011 dans l'UE, ce qui pourrait avoir un impact "limité" sur les prix à long terme. "En échange, les consommateurs européens auront la garantie que les condition de bien-être des poules pondeuses se seront considérablement améliorées."
La législation entrée en vigueur le 1er janvier impose de faire passer l'espace vital pour chaque poule de 550 cm2, soit la surface d'un feuille A4, à 750 cm2, dont 600 cm2 de surface utilisable.
La nouvelle législation prévoit également une mangeoire d'au moins 12 cm de long par poule et l'accès à un abreuvoir. D'autres aménagements sont également rendus obligatoires comme le nid et la litière permettant le picotage et le grattage, un perchoir et un dispositif de raccourcissement des griffes.


gastronomie (suite )


ça n'a pas été démenti ... et ça promet !



Délocalisation: 12 salariés licenciés

AFP Publié le 21/06/2012 à 20:59

Douze salariés ont été récemment licenciés de la société de marketing sensoriel Mood Media à Feucherolles (Yvelines) après avoir refusé d'être transférés en Roumanie, a-t-on appris de sources concordantes, confirmant une information du Parisien.

Nathalie Dussert, 48 ans, employée depuis 13 ans dans cette société, a appris comme ses onze collègues le 12 avril que son poste était transféré en Roumanie. "J'ai été licenciée pour motif personnel mais il s'agit d'un licenciement économique", dénonce-t-elle. "J'ai eu quinze jours pour accepter ou refuser. Et il a fallu poser les bonnes questions, car ils nous disent qu'on gardera notre salaire français mais, en arrivant sur place, on nous fait un nouveau contrat roumain à 632 euros par mois, sans couverture sociale", dit-elle. La quadragénaire, qui élève seule ses enfants, envisage de saisir la justice.

La société Mood Media, groupe mondial spécialisé dans le marketing sensoriel, emploie 163 salariés en France. Le directeur juridique de Mood Media, Bruno Besson, assure que dans le cas d'un transfert d'activité, "la loi nous oblige" à transférer automatiquement les contrats et ne permet "pas de licencier pour motif économique".  Si un salarié avait accepté la proposition, il aurait gagné "le même salaire versé par la société roumaine", ajoute-t-il. "L'entreprise acceptera d'aller au-delà de ce que prévoit un licenciement classique et va donner plus que pour un licenciement économique", promet M. Besson, précisant notamment que le paiement d'une formation a été proposé aux salariés, qui bénéficieront d'une priorité à l'embauche d'un an.

M. Besson, qui souligne que Mood Media a embauché 30 personnes en CDI depuis 2010 en France, assure également que l'inspection du travail a été informée. Du côté de la CGT, Alain Hinot estime que l'employeur a "voulu éviter un plan de sauvegarde de l'emploi, qui est beaucoup plus lourd", en présentant la situation comme un "prétendu transfert" et non comme une délocalisation. "Cela a été fait pour brouiller les pistes", fustige-t-il. L'un des salariés, délégué syndical CGT, avait dans un premier temps accepté la proposition de transfert. Ne s'étant pas présenté en Roumanie, il a été licencié pour abandon de poste. Il contestera son licenciement le 29 juin devant le conseil des Prud'hommes de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).


convivialité


à lire TRES ATTENTIVEMENT .. et à méditer !!!


LIBERATION

Facebook et le «temps de cerveau disponible»

21 juin 2012 à 19:06
  •  
Par YOHAN BONIFACE Responsable de l’informatique éditoriale de Libération
Si Internet était à vendre, y aurait-il un prince du Qatar ou une multinationale pour en faire l’acquisition ? Cette question incongrue est-elle déjà obsolète ? L’Internet qu’on croit connaître, neutre et ouvert, ne nous appartient peut-être plus. Devenu le nerf de nos sociétés modernes, Internet est né sur un principe génial : le réseau décentralisé. C’est-à-dire un réseau constitué de mille chemins, impossibles à bloquer ou à contrôler. Cette structure anticensure a révolutionné la liberté de publication. Or, l’emprise de multinationales impérialistes telles Google, Apple ou Facebook est en train de mettre à mal cette structure, et de sévèrement faire reculer la liberté de publication.
Prenons l’exemple de Facebook. On se souvient tous de la phrase de l’ancien PDG de TF1 expliquant que la mission de la chaîne était de «vendre du temps de cerveau disponible» à une marque de boisson gazeuse. Facebook, le TF1 d’Internet, est construit sur ce même principe. Il crée des services prétextes pour collecter les informations les plus précises possible sur vous, qu’il utilise pour cibler les messages des annonceurs.
Né comme réseau social, Facebook a d’abord créé votre profil de consommateur en utilisant vos données personnelles (âge, sexe, contenu des messages, amis…). L’étape suivante fut d’inciter les créateurs de contenus (journaux, marques, artistes, partis…) à construire des «espaces» à l’intérieur même de son réseau. Ce faisant, récoltant toujours plus de données, Facebook progresse dans sa stratégie de recréer sur sa propre plateforme une copie d’Internet, sous contrôle et monétisable. L’évolution suivante est bien plus pernicieuse : faire d’Internet un sous-réseau de Facebook, un réseau au service de Facebook. Le bouton «J’aime» symbolise cette stratégie. Le «J’aime» est apparu sur tous les sites grand public il y a quelques années. On pourrait croire que tout ce qu’il fait est d’indiquer à vos «amis» que vous «aimez» la page en question si, et seulement si, vous cliquez dessus. En réalité, ce «bouton», c’est un petit bout de Facebook qui enregistre votre visite lorsque vous chargez la page, que vous cliquiez dessus ou non, et que vous ayez un compte Facebook ou non ! Les créateurs de sites ayant massivement installé ce bouton, on est désormais pisté par Facebook partout où l’on navigue. De sous-réseau d’Internet, Facebook est en train de faire d’Internet son sous-réseau : si jusqu’ici il essayait de recréer les usages d’Internet sur ses pages, il institue désormais les règles que le reste d’Internet s’emploie à suivre.
Peu à peu, une entreprise comme Facebook détricote l’architecture d’un Internet libre : par son marketing et ses innovations technologiques, il crée un point de passage géant, sur lequel beaucoup d’individus et de sociétés construisent leur rapport à Internet. Dès lors qu’on visualise ce glissement d’un Internet constitué de milliards de points de passage, mis en place par des millions d’individus et de sociétés aux intérêts divers, vers un Internet constitué d’un très petit nombre de points de passage, contrôlés par des entreprises dont l’intérêt est strictement financier, on pressent les dangers qu’encourt le réseau : il est plus facile de contrôler, voire couper, une autoroute que mille chemins de traverse.
Cette menace qui pèse sur les fondements technologiques d’Internet est particulièrement sensible pour les créateurs de contenus. Le modèle que pousse Facebook (et d’autres mastodontes tels Apple ou Google), c’est l’installation d’intermédiaires intéressés et non neutres entre les créateurs de contenus et les internautes, compromettant leur autonomie aussi bien éditoriale que financière. Lesquels se transforment en simples fournisseurs de «contenus», perdant au passage le lien direct à leur propre audience. Seuls alors les contenus capables de franchir les «filtres» des géants du Net (règles d’usages, algorithmes, politique «éditoriale» et commerciale) seront vus. Le risque de censure est grand, celui d’autocensure plus encore.
Pourtant, en les laissant s’accaparer l’audience, ils abandonnent en même temps la possibilité d’en tirer profit, via la publicité par exemple. Sur ce point, la docilité des créateurs de contenus surprend. On a vu la presse mondiale plonger tête baissée dans le piège Apple qui, via l’iPad, s’est installé confortablement comme intermédiaire insatiable. On voit Google ou Facebook renforcer toujours plus leur position sans qu’aucune voix audible ne se lève contre.
Pour les créateurs de contenus, la question du rapport de force mérite d’être posée. Seuls, ils ne pèsent pas grand-chose. Ensemble, ils sont la poule aux œufs d’or de Facebook ou Google, et il serait temps qu’ils trouvent un moyen de parler d’une voix un peu plus unie pour réclamer leur part de ces énormes gâteaux que se sont constitués ces mastodontes sur leur propre sueur. Ici, la mise en place d’une charte du «fair usage» pourrait aider la communauté à aligner ses limites.
Concrètement, deux lignes directrices peuvent aider en ce sens : ne jamais installer les «boutons mouchards» ; ne jamais se retrouver en situation où son propre contenu est intégralement consulté depuis des espaces contrôlés par ces prédateurs d’Internet.
Pour les individus, il faut prendre conscience que Facebook est bien plus qu’un réseau social. Qu’en y créant un compte, on nourrit un monstre qui n’a d’autre objectif que d’engloutir goulûment Internet. Que ses services séduisants sont un filtre qui va s’épaissir toujours plus. Il existe des alternatives, comme le réseau social ouvert Diaspora.
Pour les médias, les Etats et les régulateurs d’Internet, il est temps de prendre conscience que l’absence totale de règles éthiques et supranationales sur le réseau Internet profite, une fois de plus, à l’appétit démesuré des multinationales du Net.
Ce qui se passe sous nos yeux, c’est la privatisation du Web : avec la participation passive, si ce n’est la bénédiction, de tous, quelques multinationales sont en train d’acheter Internet pour la somme de… zéro euro.

Le loup et l’agneau

Le Monde Blogs

Le loup et l’agneau: cohabitation impossible?

L'été. Pour les moutons: le temps des alpages. Pour les bergers: celui de la peur du loup. Et pour la petite ville de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), une grande première: la création, le 19 juin, d’un groupe de travail franco-italien sur la question lupine.  Groupe qui, précise ses fondateurs, "pourra être élargi à des participants d’autres pays européens, et aura pour objectif de contribuer à la rédaction d’une directive européenne sur le pastoralisme".

Un prédateur redoutablement intelligent
A l'issue de cette réunion, une liste de doléances a été établie et signée par tous les participants,  qui sera adressée aux parlementaires et pouvoirs politiques. Parmi elles:
-"Une régulation efficace et sérieuse ne mettant pas en danger l’espèce et se substituant pour la France aux actuels prélèvements, tout en reconnaissant aux travailleurs de la terre le rôle fondamental d’un pastoralisme dont les Alpes ont besoin.
- Une demande de révision de la Convention de Berne, pleinement justifiée et raisonnable, comme la Suisse en a engagé déjà le processus".
Barcelonnette, 2800 habitants environ, est située en plein coeur de la vallée de l'Ubaye.

Une région où quand on ne parle du loup, on y pense quand même.  S'étendant du barrage de Serre-Ponçon à la frontière italienne, elle héberge environ 80 exploitations spécialisées dans l’élevage ovin traditionnel. Or, celles-ci ont subi en juillet 2011 deux attaques particulièrement sanglantes de la part du grand prédateur.
En 1992, lorsque le loup réapparaît naturellement en France depuis les Alpes italiennes, les mouvements écologistes avaient salué son retour avec ferveur. Personne, semble-t-il, n'avait prévu  que les représentants de l'espèce, qui se comptaient à l'époque sur les doigts d'une main, seraient aujourd'hui près de 200 en France. Ni qu'ils viendraient fragiliser à l'extrême une agriculture pastorale déjà bien malmenée.
Selon le recensement officiel, il n'y aurait, dans les Alpes-de-Haute-Provence,  que 18 à 22 loups adultes, soit à peine plus de 10 % des 180 adultes officiellement recensés dans le pays. Mais Yves Derbez, éleveur d'ovins à Méolans-Revel, garde en tête un autre pourcentage: durant cette fameuse nuit du 15 au 16 juillet dernier,  il a perdu 44 bêtes, soit 20 % de ses agneaux label rouge. Président de l’association Eleveurs et Montagnes et membre du Comité national Loup, c'est désormais avec l'énergie du désespoir qu'il se bat "pour libérer le pastoralisme des contraintes de la prédation". Comme les collègues italiens qu'il a rencontré à Barcelonnette, il dénonce avec vigueur les allégations selon lesquelles "les éleveurs sont largement indemnisés des dégâts du loup". Et réclame, simplement, qu'on respecte son métier.
Pierre Martin-Charpenel, lui aussi, a participé, mardi, à la réunion franco-italienne. Président de la jeune association Le loup et les Indignés de l’Ubaye, nous l'avions rencontré dans la vallée à l'automne dernier. L'homme, revenu prendre sa retraite près de la ferme que son grand-père avait autrefois quittée, nous avait alors précisé sa démarche:
"Notre association ne pose pas la question du loup au niveau de l’environnement, elle la pose au niveau humain.  Pour l’économie et pour le maintien de notre paysage, on a besoin du pastoralisme. Et on demande de justes mesures pour qu’une profession ancestrale qui a du mal à survivre ne soit pas maltraitée jusqu’à disparaître".

Camarades des alpages...
Aujourd'hui, il ajoute:
"Depuis début juin, onze brebis ont a nouveau été tuées au col de Larche, à la frontière italienne. Mais c'est dans les Alpes-Maritimes, où les bêtes restent aux alpages toute l'année, que le bilan est le plus lourd: 436 bêtes perdues depuis le 1er janvier!". Pierre Martin-Charpenel en est pourtant convaincu: "Si l’on y prête attention, il n’y a aucune raison pour que les écologistes et les lieutenants de louvèterie ne parviennent pas à s’entendre pour préserver à la fois l'espèce lupine et l'activité des bergers".
Tel n'est pas, à l'évidence, l'opinion de l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas).  Le 19 juin, celle-ci a annoncé qu'elle déposait une plainte auprès de la Commission européenne contre l'Etat français, suite à la publication par le gouvernement Fillon d'une nouvelle règlementation "encore plus permissive" en matière de destruction des loups, "signée le lendemain du deuxième tour des élections présidentielles".
En effet, selon un arrêté du 7 mai publié trois jours plus tard au Journal officiel, le nombre maximal de loups dont la destruction est autorisée en application de l'ensemble des dérogations préfectorales est fixée à onze pour la période 2012-2013. A compter de la date éventuelle à laquelle huit spécimens auront été détruits "dans le cadre des dérogations accordées par les préfets, ou du fait d'actes de destruction volontaires", les tirs de prélèvement seront interdits. En revanche, les tirs de défense effectués par les éleveurs  continueront d'être autorisés - ce que dénonce l'Aspas.
Ce n'est pas non plus ce que demandent les bergers, qui considèrent que c'est aux chasseurs d'assurer ce type de protection.
Parviendrons-nous un jour à inventer la cohabitation entre le loup et l'agneau? Et si oui, comment?
Catherine Vincent (Service Planète)


gastronomie et convivialité


n'oubliez pas d'aller voir le site des casseurs de pub !!!!


trouvé sur un blog ; La femme est-elle une victime ?



21/06/2012

La femme est-elle une victime ?

Il existe dans notre culture une association d'idées récurrente entre la notion de violence subie et de féminité. Les victimes sont forcément des femmes et leurs bourreaux des hommes. "Le mot victime est féminin", avancent  même certain(e)s, comme si être femme vous condamnait d'avance au statut de personne exploitée, abusée, maltraitée, pigeonnée, voire annihilée.

On dit "un vagin" ou "un utérus" (au masculin) de même qu'"une bite" ou "une queue" (au féminin). Il n'y a pas de rapport entre le genre d'un mot et son sens. Que déduire du fait que le mot victime soit féminin? Rien. «Si l'on considère que toute personne qui souffre est une victime, l'extension du domaine de victimisation est sans limites.» Pour Caroline Eliacheff et Daniel Soulez Larivière (auteurs du livre Le temps des victimes), les victimes sont aussi bien mâles que femelles, mais... la doxa veut que les femmes soient bien plus souvent victimes que les hommes. «Qui ne souffre pas ? Qui n'a jamais été l'objet d'un préjudice ? Qui ne s'est jamais senti injustement traité ?  Le destin, le coup du sort, la maladie, l'accident, l'injustice, la souffrance au travail sont autant d'occasions à saisir (ou à repousser) pour se sentir victime, s'organiser (ou pas) autour de cette identité, en découvrir les avantages et les inconvénients. Certains s'y engluent, d'autres s'en sortent. Mais il existe une catégorie d'êtres humains qui seraient victimes par état, ce sont les femmes. La cause de leur victimisation tient en un mot : ce sont des hommes».

Comment comprendre que les femmes soient considérées de facon inconsciente comme des êtres voués par nature à subir et à souffrir par la faute des hommes ? Dans un livre intitulé Victimes au féminin, publié aux éditions Georg, le problème est ainsi posé : «L'association "femme-victime" s'avère être un topos de notre tradition culturelle (…) On aurait presque envie de dire que dans notre imaginaire culturel la victime est un substantif féminin.»  Pourquoi ? Se penchant tout d'abord sur l'origine du mot victime, Francesca Prescendi et Mark Kolakowski, chercheurs en histoire des religions, soulignent que victima, d'origine religieuse, désigne l'offrande sacrificielle, le don fait aux divinités en signe de remerciement (1). De ce point de vue, les victimes sont pour l'essentiel des animaux ou des humains de sexe mâle, car il semble toujours plus prestigieux d'offrir en sacrifice un être fort, un guerrier capturé ou un beau et jeune esclave. Quand, dans la mythologie greco-latine, une femme est sacrifiée, il s'agit généralement de la fille (unique) d'un roi. Sur le plan du panache, seule une princesse peut offrir l'équivalent d'un guerrier. C'est dire si le sacrifice d'une femme relève de l'exception.
Autre détail révélateur: dans l'antiquité, les victimes se doivent d'être volontaires. Le mot victime ne peut pas s'appliquer à des êtres faibles et passifs mais, au contraire, à des personnes pleinement conscientes de la valeur de leur sacrifice, qui s'avancent courageusement vers le lieu de leur exécution. Même les animaux. «Dans la conception religieuse antique, l'animal offert aux dieux doit être consentant, expliquent les deux chercheurs. Le sacrifice grec, par exemple, exige que l'animal soit au préalable aspergé d'eau: s'il secoue la tête, c'est un geste d'assentiment, donc le signe qu'il accepte d'être sacrifié. De même à Rome, si les animaux fuient après avoir été aspergés de mola salsa, ils ne peuvent plus être sacrifiés mais doivent être abattus. La complaisance de la victime est évidemment une fiction qui n'a qu'une valeur théologique: des anneaux retrouvés sur les autels révèlent que les animaux tentaient bien de s'enfuir et qu'ils étaient retenus par la force.» Mais qu'importe. Pendant des siècles, victime désigne le contraire de ce que nous appelons maintenant une victime. Dans son usage religieux, le mot victime signifie "personne qui va résolument au-devant d'une mort considérée comme une fin glorieuse". Sans pleurer, sans se débattre et sans se plaindre.
Paradoxalement, dans son usage profane, qui se popularise à partir de la Révolution francaise, le mot victime devient: "être souffrant d'un malheur subi malgré lui". Plus la société devient démocratique, plus victime désigne une personne "soumise", "contrainte" et "forcée". Cet état de passivité était, chez les antiques, considéré comme une infamie et une déchéance. Seuls les êtres inférieurs subissent. Au tournant du 18e siècle, alors que les idéaux d'égalité, de liberté et de fraternité se répandent, le mot devient à la mode (2) avant de faire son entrée dans le Code d'instruction criminelle,  en 1895, pour désigner les personnes en droit de demander réparation auprès des autorités légales, médicales, morales, etc. Victime: être qui en appelle au droit.
Dans l'antiquité, et jusqu'à l'ère féodale, il semblerait que, par opposition aux esclaves et aux serfs, les êtres libres soient tenus pour responsables de leurs malheurs. Même les catastrophes naturelles relèvent de leur responsabilité, comme l'explique Pierre Sanchez dans Victimes au féminin: «la majorité des Anciens estimait que les désastres qualifiés de "naturels" par l'homme moderne (et par quelques savants et philosophes du monde antique), étaient en réalité des avertissements ou des châtiments envoyés par les dieux: ceux qui avaient péri ou qui avaient été blessés n'étaient donc pas considérés comme des victimes innocentes qu'il fallait pleurer et secourir, mais comme des coupables qui avaient mérité leur sort».
Quid des personnes violées ? Même chose. Elles sont coupables. Plus précisément, elles sont coupables tant qu'elles restent passives et silencieuses. Dans Vie de Marius, Plutarque raconte l'anecdote suivante: un tribun militaire cherchant à abuser d'un soldat avait réussi, après l'avoir amadoué par toutes sortes de cadeaux, à le faire venir sous sa tente pendant la nuit. Mais lorsque le soldat comprit que le tribun voulait "attenter à sa pudicitia", il le tua, préférant «mettre sa vie en péril plutôt que de subir une honte.» Ciceron souligne que le soldat fut acquitté. Judith (3), de la même manière, qui s'offre à contre-coeur au chef de ses ennemis (Holopherne), lui coupe ensuite la tête pour laver son honneur… Elle n'est pas une victime. Même Lucrèce qui se suicide après avoir été violée signifie, par ce geste, qu'elle garde la main haute sur son destin. Elle se suicide pour ne pas servir de modèle négatif aux femmes. «Le châtiment qu'elle s'inflige vise à éliminer tout doute sur son comportement», explique Francesca Prescendi. On ne pourra pas dire d'elle était complice du viol puisqu'en se suicidant, transformant le violeur en assassin, elle alourdit la peine qui frappera cet homme. Vengeance indirecte, soit. Vengeance tout de même.
Jusqu'à la fin du 18e siècle, le statut de victime s'applique donc seulement aux personnes qui avancent au-devant de la mort et qui se sacrifient afin de devenir des héros ou des héroïnes. Mais, les mots changent, porteurs de sens parfois délétères… En offrant aux personnes sinistrées ou agressées le cocon rassurant d'un mot, il peut arriver qu'on leur fasse plus de mal qu'autre chose, sous prétexte de les déculpabiliser. «La victime,  ça n'existe pas, raconte Hellena, 23 ans, violée à l'âge de 15 ans. C'est à nous de décider. Je pense qu'il y a des agresseurs, des bourreaux, des violeurs, des coupables, mais pas de victime. C'est un statut qui fout la merde. Moi, c'est ce qui m'a détruit. De 15 à 20 ans je me suis considérée comme victime, car quelqu'un m'a définie comme telle. Mais c'est finalement ce qui m'a fait le plus de mal dans ma vie, car on a beau avoir mal, souffrir, tant qu'on ne se met pas dans cette position de victime on reste combatif. Victime, c'est être déresponsabilisé(e). Donc irresponsable. Le statut de victime pour moi ne sert à rien ou alors, c'est un bon prétexte pour se complaire dans son malheur et devenir faible.» Hélène suggère qu'on remplace le mot victime par celui d'innocent ou de malchanceux. «Il vaudrait mieux expliquer à la personne violée qu'elle était là au mauvais moment. Mais il n'y a pas besoin d'utiliser ce mot victime qui vous handicape…». On s'y englue, dit-elle, comme toutes ces femmes qui s'engluent dans l'idée que, étant femmes, elles sont forcément des victimes d'un système qui les opprime. Un système mis en place par les hommes, disent-elles, oubliant un peu vite que la moitié des hommes sont des femmes.
"Pour moi, le mot victime est très mal connoté puisqu'il renvoie au monde juridique, monde dans lequel il s'agit souvent de quantifier les souffrances subies par les sinistrés afin d'évaluer les torts, les dédommagement, le degrés de gravité d'un fait... choses qui n'ont aucun sens et qui enlèvent toute dignité aux sinistrés en question (qui doivent prouver qu'ils souffrent, et même parfois  se disputer la place du "plus à plaindre" comme c'était le cas pour les femmes de réconforts coréennes qui se déchiraient pour savoir laquelle remplissait les qualités de la "parfaite victime"ou de la "victime authentique" celle dont le consentement était absolument nul et donc celle dont les préjudices avaient été les plus lourd)." (Hellena).
Victimes au féminin, sous la direction de Francesca Prescendi et Agnès Nagy, éd. Georg.
Notes
1/ Le mot hostia (qui a donné "hostie") désigne aussi l'offrande rituelle, mais c'est celle qui est faite avant la bataille par exemple, afin de s'attirer la faveur des puissances occultes. Dans les textes antiques, victima va avec l'idée d'une victoire, d'un triomphe et d'une célébration, par opposition à hostia qui renvoie à l'idée d'une requête humblement adressée aux dieux, d'une supplication.

2/ On dit alors, avec délice que l'on "victime" quelqu'un, c'est à dire qu'on lui fait subir ce passage humiliant de l'état d'être humain à celui de "victime". Sade applique avec jubilation le mot "victime" aux malheureux(ses) qui sont, contre leur gré, torturé(e)s, sodomisé(e)s, fouetté(e)s, violé(e)s et pris(e)s par tous les orifices dans ses fantasmes d'apocalypse. Sous l'influence des idéaux républicains, le mot "victime", d'abord moqueur, finit par devenir compassionnel et par désigner les personnes au secours desquelles il s'agit de se porter. Dans une société ou les notions d'inférieur et de supérieur disparaissent, tout le monde peut devenir une victime. On n'est pas loin de la victimisation générale, assortie de misérabilisme, d'infantilisme et d'assistanat.
3/ Ne pas rater l'exposition d'Artemisia au Musée Maillol (jusqu'au 15 juillet), femme peintre de génie qui fut violée adolescente par son professeur de dessin, qui fut ensuite obligée de subir le calvaire d'un procès de neuf mois contre son violeur et qui ne cessa, par la suite, de se représenter dans ses tableaux nue ou habillée, sous les traits de femmes vengeresses. Dans ce tableau de Judith, il semble qu'Holopherne ait été clairement représenté sous les traits de son violeur.