"La levrette est la position préférée des Français, pas des Françaises"
L’Express 21/06/2012
à 17:30
Quels sont les petits secrets des Français
sous la couette ? Deux experts, un homme et une femme, commentent pour
L'Express les résultats les plus étonnants d'un sondage sur les comportements
érotiques de nos compatriotes.
La levrette
est-elle vraiment la position préférée des Français ? Fait-on plus souvent
l'amour lorsque nous travaillons beaucoup ? Voici deux des questions brûlantes
auxquelles un récent sondage a tenté de répondre en interrogeant plus de 5000
personnes dans 11 pays différents. Psychiatre et thérapeute de couple, Philippe Brénot a écrit Les hommes, le sexe et l'amour,
(éditions Marabout), et Les femmes, le sexe et l'amour, 3000 femmes
témoignent, (éditions Les Arènes). Journaliste scientifique, Elisa Brune est l'auteur de : La révolution du plaisir
féminin. Sexualité et orgasme (éditions Odile Jacob). Ils commentent, pour
L'Express, les résultats les plus surprenants de cette étude commandée par le
site de rencontre casualdating.fr.
La
position préférée des Français, chez les hommes et les femmes interrogés, est
la levrette (34%), devant le missionnaire (22,5%) et l'Andromaque, où la femme
est au-dessus de l'homme (12%).
Elisa Brune: Je suis un petit peu
perplexe. La levrette est une position particulière car elle accentue l'aspect
symbolique de soumission de la femme. Elle est généralement appréciée par les
hommes qui aiment dominer leur partenaire et par les femmes qui préfèrent être
soumises. Mais c'est, par ailleurs, une position un peu inhibée par la morale
et l'éducation. Si elle apparaît de façon explicite dans ce sondage, c'est
qu'elle pourrait traduire un allégement du poids de cette morale en France,
vis-à-vis d'autres pays du sud qui sont plus influencés par la religion,
notamment. Philippe Brenot: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le résultat du sondage. Dans les études scientifiques, il apparait que la levrette est la position préférée des Français, mais pas des Françaises! Elle est celle qui excite le plus les hommes, mais ce n'est pas celle qui est la plus réalisée. Ils l'apprécient particulièrement car la vision des fesses de leur partenaire est un signal très excitant pour eux. Dans les faits, le missionnaire est bien plus fréquemment pratiqué. A mon avis, cela indique que l'avis de la femme doit intervenir lors du choix de la position.
Plus
les Françaises ont un salaire élevé et plus elles pratiquent la position
andromaque.
Elisa Brune: Le niveau socioculturel
est toujours lié à une plus grande sophistication des comportements sexuels ou
érotiques, ou inversement à une plus grande variété. La position Andromaque
inverse le rapport traditionnel de soumission. Ici, la femme est dominante.
Celles qui ont moins de liberté culturelle ou économique auront effectivement
moins facilement accès à cette position. Philippe Brenot: Il faut relier cette donnée à la précédente, qui concerne la levrette. Plus les femmes ont des revenus importants et plus elles se retrouvent dans une position supérieure, dominante, décidante, lorsqu'elles font l'amour. Par contre, plus le salaire des femmes est faible et plus elles sont soumises au désir des hommes qui, eux, désirent pratiquer la levrette.
Lors
d'un premier rendez-vous, les hommes s'attachent essentiellement au physique et
à la tenue, tandis que les femmes privilégient l'odeur corporelle et le parfum.
Elisa Brune: Cette donnée est tout à
fait logique. Les hommes sont connus pour être plus sensibles que les femmes
aux signaux visuels. Cela se remarque dans leur appétit pour les images
pornographiques, mais aussi dans la fixation de leur regard lors de premières
rencontres. On peut rattacher cette importance du stimulus visuel, qui déclenche
l'apparition d'un désir ou non, à la façon dont se construit la tension
érotique chez les garçons. Celle-ci est forcément en rapport avec la vue
puisque leurs organes sexuels sont externes. Les petits garçons voient leur
pénis qui envoie des signaux, ils lui répondent, cela produit un plaisir et
celui-ci est donc automatiquement associé au fait d'avoir vu l'organe en
érection. Philippe Brenot: Il est établi que le signal d'attraction sexuel ou érotique est extrêmement différent selon le sexe. Pour les hommes, le signal est guidé par le visuel et donc l'apparence, le maquillage, la mini-jupe ou la silhouette. Tandis que les femmes sont guidées par deux attracteurs : l'audition et les odeurs, qu'elles soient naturelles artificielles. L'intitulé du sondage pose problème car l'audition n'est pas mentionnée dans les réponses possibles. Pourtant, je suis persuadé que le timbre de voix des hommes aurait été la réponse la plus citée par les femmes, qui sont extrêmement sensibles au ton d'une voix grave, tandis que le visuel n'a effectivement que peu d'impact pour elles.
Parmi
les Français qui travaillent plus de 50 heures par semaine, près d'un tiers
(29%) font l'amour au moins une fois par jour. Ils ne sont que 16% parmi ceux
qui travaillent moins de 20 heures par semaine.
Elisa Brune: Sur une moyenne
statistique, même s'il ne faut pas faire de relation de cause à effet
systématique, on observe effectivement que les gens qui travaillent beaucoup
vivent dans un état de dynamisme ou de stress, connoté positivement. Leur taux
d'adrénaline est plus important et cela favorise la libido. Il existe des tests
psychologiques qui évaluent le degré de désir dans certaines situations
données. On remarque ainsi qu'une personne qui se retrouve dans une situation
instable, par exemple sur un pont suspendu au-dessus du vide, a une libido
systématiquement plus élevée que celle d'une personne confortablement installée
dans son canapé. Philippe Brenot : Je suis un peu dubitatif. Près d'un tiers des hommes hyperactifs seraient donc hypersexuels. Cela n'est pas exclu parmi les gens âgés de 20 à 30 ans, mais c'est beaucoup plus rare ensuite. En travaillant beaucoup, tous les hommes ne peuvent pas faire l'amour au quotidien, à tous les âges de la vie... Je ne crois pas, d'ailleurs, qu'il y ait beaucoup de partenaires qui puissent accepter, en dehors de la période suivant la rencontre, de faire l'amour tous les jours. Cette étude voudrait donner l'image de Français "bosseurs-baiseurs", c'est assez étrange."
Parmi
les Européens, les Français sont ceux qui apprécient le plus (17%) de faire
l'amour avec une personne qu'ils viennent tout juste de rencontrer. Par
comparaison, seuls 9% des Espagnols aiment goûter au plaisir de la chair dès le
premier soir.
Elisa Brune : Les experts étrangers le
soulignent souvent : en France, il y a une valorisation de l'amour, du plaisir,
de la séduction. Séduire et prendre du plaisir nous paraît naturel alors que ce
n'est pas forcément le cas partout. Un Américain m'expliquait récemment que la
séduction, chez eux, c'est presque le diable. Le plaisir, ils n'en parlent pas
car leurs valeurs sont le travail, l'efficacité, l'argent. Pour eux, le
Français est un hédoniste invétéré. Ce fossé existe aussi, sans doute, entre la
France et d'autres pays européens. Soit parce qu'ils sont de tradition
protestante ou un petit peu austère, comme la Suisse, les Pays-Bas ou les pays
nordiques, soit parce que le catholicisme y est plus marqué. Philippe Brenot : Je serais très prudent. La comparaison entre les différents pays fait souvent ressortir de vieux archétypes. Notre travail de scientifique est de gommer ces idées reçues. Par exemple, on disait autrefois que l'Italien était le séducteur, le Français un baiseur, l'Anglais un gentleman, ainsi de suite. Ce que l'on peut dire, toutefois, c'est que la France est en effet plus libre que beaucoup d'autres pays, comme l'Espagne, où le poids de la tradition y est plus important.
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