mercredi 4 juillet 2012

sexualité


"La levrette est la position préférée des Français, pas des Françaises"

L’Express  21/06/2012 à 17:30
Quels sont les petits secrets des Français sous la couette ? Deux experts, un homme et une femme, commentent pour L'Express les résultats les plus étonnants d'un sondage sur les comportements érotiques de nos compatriotes. 
La levrette est-elle vraiment la position préférée des Français ? Fait-on plus souvent l'amour lorsque nous travaillons beaucoup ? Voici deux des questions brûlantes auxquelles un récent sondage a tenté de répondre en interrogeant plus de 5000 personnes dans 11 pays différents. Psychiatre et thérapeute de couple, Philippe Brénot a écrit Les hommes, le sexe et l'amour, (éditions Marabout), et Les femmes, le sexe et l'amour, 3000 femmes témoignent, (éditions Les Arènes). Journaliste scientifique, Elisa Brune est l'auteur de : La révolution du plaisir féminin. Sexualité et orgasme (éditions Odile Jacob). Ils commentent, pour L'Express, les résultats les plus surprenants de cette étude commandée par le site de rencontre casualdating.fr
La position préférée des Français, chez les hommes et les femmes interrogés, est la levrette (34%), devant le missionnaire (22,5%) et l'Andromaque, où la femme est au-dessus de l'homme (12%).
Elisa Brune: Je suis un petit peu perplexe. La levrette est une position particulière car elle accentue l'aspect symbolique de soumission de la femme. Elle est généralement appréciée par les hommes qui aiment dominer leur partenaire et par les femmes qui préfèrent être soumises. Mais c'est, par ailleurs, une position un peu inhibée par la morale et l'éducation. Si elle apparaît de façon explicite dans ce sondage, c'est qu'elle pourrait traduire un allégement du poids de cette morale en France, vis-à-vis d'autres pays du sud qui sont plus influencés par la religion, notamment. 
Philippe Brenot: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le résultat du sondage. Dans les études scientifiques, il apparait que la levrette est la position préférée des Français, mais pas des Françaises! Elle est celle qui excite le plus les hommes, mais ce n'est pas celle qui est la plus réalisée. Ils l'apprécient particulièrement car la vision des fesses de leur partenaire est un signal très excitant pour eux. Dans les faits, le missionnaire est bien plus fréquemment pratiqué. A mon avis, cela indique que l'avis de la femme doit intervenir lors du choix de la position. 
Plus les Françaises ont un salaire élevé et plus elles pratiquent la position andromaque.
Elisa Brune: Le niveau socioculturel est toujours lié à une plus grande sophistication des comportements sexuels ou érotiques, ou inversement à une plus grande variété. La position Andromaque inverse le rapport traditionnel de soumission. Ici, la femme est dominante. Celles qui ont moins de liberté culturelle ou économique auront effectivement moins facilement accès à cette position. 
Philippe Brenot: Il faut relier cette donnée à la précédente, qui concerne la levrette. Plus les femmes ont des revenus importants et plus elles se retrouvent dans une position supérieure, dominante, décidante, lorsqu'elles font l'amour. Par contre, plus le salaire des femmes est faible et plus elles sont soumises au désir des hommes qui, eux, désirent pratiquer la levrette. 
Lors d'un premier rendez-vous, les hommes s'attachent essentiellement au physique et à la tenue, tandis que les femmes privilégient l'odeur corporelle et le parfum.
Elisa Brune: Cette donnée est tout à fait logique. Les hommes sont connus pour être plus sensibles que les femmes aux signaux visuels. Cela se remarque dans leur appétit pour les images pornographiques, mais aussi dans la fixation de leur regard lors de premières rencontres. On peut rattacher cette importance du stimulus visuel, qui déclenche l'apparition d'un désir ou non, à la façon dont se construit la tension érotique chez les garçons. Celle-ci est forcément en rapport avec la vue puisque leurs organes sexuels sont externes. Les petits garçons voient leur pénis qui envoie des signaux, ils lui répondent, cela produit un plaisir et celui-ci est donc automatiquement associé au fait d'avoir vu l'organe en érection. 
Philippe Brenot: Il est établi que le signal d'attraction sexuel ou érotique est extrêmement différent selon le sexe. Pour les hommes, le signal est guidé par le visuel et donc l'apparence, le maquillage, la mini-jupe ou la silhouette. Tandis que les femmes sont guidées par deux attracteurs : l'audition et les odeurs, qu'elles soient naturelles artificielles. L'intitulé du sondage pose problème car l'audition n'est pas mentionnée dans les réponses possibles. Pourtant, je suis persuadé que le timbre de voix des hommes aurait été la réponse la plus citée par les femmes, qui sont extrêmement sensibles au ton d'une voix grave, tandis que le visuel n'a effectivement que peu d'impact pour elles. 
Parmi les Français qui travaillent plus de 50 heures par semaine, près d'un tiers (29%) font l'amour au moins une fois par jour. Ils ne sont que 16% parmi ceux qui travaillent moins de 20 heures par semaine.
Elisa Brune: Sur une moyenne statistique, même s'il ne faut pas faire de relation de cause à effet systématique, on observe effectivement que les gens qui travaillent beaucoup vivent dans un état de dynamisme ou de stress, connoté positivement. Leur taux d'adrénaline est plus important et cela favorise la libido. Il existe des tests psychologiques qui évaluent le degré de désir dans certaines situations données. On remarque ainsi qu'une personne qui se retrouve dans une situation instable, par exemple sur un pont suspendu au-dessus du vide, a une libido systématiquement plus élevée que celle d'une personne confortablement installée dans son canapé. 
Philippe Brenot : Je suis un peu dubitatif. Près d'un tiers des hommes hyperactifs seraient donc hypersexuels. Cela n'est pas exclu parmi les gens âgés de 20 à 30 ans, mais c'est beaucoup plus rare ensuite. En travaillant beaucoup, tous les hommes ne peuvent pas faire l'amour au quotidien, à tous les âges de la vie... Je ne crois pas, d'ailleurs, qu'il y ait beaucoup de partenaires qui puissent accepter, en dehors de la période suivant la rencontre, de faire l'amour tous les jours. Cette étude voudrait donner l'image de Français "bosseurs-baiseurs", c'est assez étrange." 
Parmi les Européens, les Français sont ceux qui apprécient le plus (17%) de faire l'amour avec une personne qu'ils viennent tout juste de rencontrer. Par comparaison, seuls 9% des Espagnols aiment goûter au plaisir de la chair dès le premier soir.
Elisa Brune : Les experts étrangers le soulignent souvent : en France, il y a une valorisation de l'amour, du plaisir, de la séduction. Séduire et prendre du plaisir nous paraît naturel alors que ce n'est pas forcément le cas partout. Un Américain m'expliquait récemment que la séduction, chez eux, c'est presque le diable. Le plaisir, ils n'en parlent pas car leurs valeurs sont le travail, l'efficacité, l'argent. Pour eux, le Français est un hédoniste invétéré. Ce fossé existe aussi, sans doute, entre la France et d'autres pays européens. Soit parce qu'ils sont de tradition protestante ou un petit peu austère, comme la Suisse, les Pays-Bas ou les pays nordiques, soit parce que le catholicisme y est plus marqué. 
Philippe Brenot : Je serais très prudent. La comparaison entre les différents pays fait souvent ressortir de vieux archétypes. Notre travail de scientifique est de gommer ces idées reçues. Par exemple, on disait autrefois que l'Italien était le séducteur, le Français un baiseur, l'Anglais un gentleman, ainsi de suite. Ce que l'on peut dire, toutefois, c'est que la France est en effet plus libre que beaucoup d'autres pays, comme l'Espagne, où le poids de la tradition y est plus important. 

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