La première révolution sexuelle de l'histoire : quand les femmes ont créé la famille humaine en préférant les tranquilles pères de famille aux mâles alpha
Le machisme est mauvais pour la reproduction : c'est la science qui le
dit. Etre un bon père qui protège et entretient sa famille : voila le secret de
l'évolution.
Girl power
Aux brutes épaisses, les
femmes préfèrent des hommes plus doux, parfois plus chétifs, capables d’être de
bons pères de famille et de subvenir aux besoins de leur foyer. Crédit
DR
Un « male alpha » qui roule
des mécaniques : voilà l’idéal féminin souvent véhiculé par les médias. Comme
chez les animaux, les théories de psychologie évolutionnistes expliquent
souvent que les femmes sont attirées par le mâle dominant de la meute, macho,
dominateur et frivole. Les brutes seraient plus aptes à défendre la femelle et
ses petits contre les attaques extérieures…
Pourtant, lorsqu’il s’agit de trouver un
conjoint, les femmes réfléchissent à deux fois avant de se tourner vers les
brutes épaisses. Elle leurs préfèrent des hommes plus doux, parfois
plus chétifs, capables d’être de bons pères de famille et de pourvoir aux
besoins de leur foyer. C’est en tout cas ce que suggère une récente étude américaine, qui a cherché à comprendre
les raisons pour lesquelles les humains ont développé une structure familiale
nucléaire, avec des enfants, et deux parents monogames.
Certes, comme le veut la légende, nos
ancêtres primitifs auraient hérité de la structure sociale des singes : une
grande mêlée générale du sexe, où les hommes se battent entre eux pour les
faveurs des femelles. Mais les chercheurs de l’Université de Tennessee ont
découvert un élément inattendu, selon une étude publiée dans les Proceedings
of the National Academy of Sciences.
Une
véritable « révolution sexuelle » se serait produite alors
: les hommes mâles les plus chétifs, qui n’avaient aucune chance de remporter
un combat, en ont profité pour développer d’autres compétences. Ils se sont
spécialisés dans un rôle de parfaits petits pères de famille : dénicher de la
nourriture, prodiguer des soins… Et leurs
efforts ont payé ! Ils sont devenus des compagnons de vie parfaits et sont donc
parvenus bien plus facilement à trouver des partenaires sexuelles consentantes.
L’affaire
a été rapidement entendue pour les femmes, qui ont vite fait leur choix : elles
ont préféré recevoir de l’attention pour elles et leurs petits, et se sont
mises à privilégier les relations à long terme. Selon le biologiste spécialiste de l’évolution Sergey Gavrilets, ce
choix « est au fondement de l’émergence de l’institution de la famille
moderne », c'est-à-dire de la famille monogame composée de deux parents.
Il a mis fin à l'ère du libertinage et de la frivolité, pour laisser la place
au couple parental responsable, bien éloigné du fonctionnement des primates.
Cette trouvaille des pères de famille aurait
fait entrer l’homme dans un tout nouveau stade de civilisation. Cette
organisation a rendu les mâles plus productifs, car ils ont perdu moins de
temps à se battre. Les enfants aussi ont bénéficié de cette évolution :
entourés de deux parents, ils ont profité de davantage de chances de survie.
Les premières sociétés humaines se sont donc
fondées sur des familles stables et des relations de longue durée. Et c’est
précisément cette décision des femmes de ne pas choisir les mâles alpha qui
nous a différencié des autres espèces animales, et en particulier des primates.
Selon le professeur Gavrilets, les experts
ont eu beaucoup de difficultés à expliquer comment la famille moderne à émergé.
Ils pensaient en effet que les mâles chétifs étaient condamnés à
l’échec : ils pouvaient bien fournir de la nourriture, mais les mâles plus
forts pouvaient se contenter de les terrasser au combat.
Jusqu’ici,
personne n’avait compris le rôle crucial qu’a joué le choix des femmes dans cette
alchimie : « Une fois que les
femmes ont commencé à montrer une préférence pour les pères de famille, les
efforts des mâles les plus faibles pour s’occuper de leur famille plutôt que
des combats ont commencé à payer », explique l’expert.
“Une
fois le processus enclenché, il a mis en place une sorte d’auto-domestication
de l’homme par l’homme", explique le scientifique. Le tout aboutissant à une organisation faite de mâles qui protègent et
entretiennent, et de femmes fidèles. Seuls quelques irréductibles,
les mâles alpha les plus doués pour le combat, ne se sont pas alignés
totalement sur la stratégie du bon père de famille.
Pour
ceux qui veulent en savoir plus :
http://www.pnas.org/content/109/25/9923.short
May 29, 201210.1073/pnas.1200717109 PNAS June 19, 2012 vol. 109 no. 25 9923-9928
Human origins and the transition from promiscuity to pair-bonding
+ Author Affiliations
1. Department of Ecology and
Evolutionary Biology, Department of Mathematics, and National Institute for
Mathematical and Biological Synthesis, University of Tennessee, Knoxville, TN 37996
1. Edited by C. Owen Lovejoy, Kent State University, Kent, OH, and approved April 20,
2012 (received for review January 13, 2012)
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